Le véritable parcours du combattant de la femme qui quitte son mari violent
C’est l’histoire d’une femme battue qui quitte le domicile conjugal à Grenoble un jour de juillet. Son histoire illustre parfaitement le véritable parcours du combattant qui attend une femme victime de violences conjugales. Quitter un mari violent ne suffit pas. Encore faut-il trouver la force d’aller de l’avant sur un chemin semé d’embûches.
Une violence inouïe
Laure* (nom d’emprunt) est mère de trois enfants dont le dernier n’a que 18 mois. Cela fait trop longtemps qu’elle endure les coups de son mari. Après la naissance de leur premier enfant, son mari commence par des violences verbales. Dix ans plus tard et de nombreux coups reçus, Laure craint désormais pour ses enfants. Si elle a pu encaisser les coups de son mari, elle ne supporterait pas de voir ses enfants devenir victimes à leur tour.
On peine parfois à imaginer la violence qu’endurent certaines femmes. Pour mieux pouvoir frapper Laure, son mari a retiré toutes les portes de la maison sauf celle des WC. Un soir, alors qu’il est sorti acheter de l’alcool promettant de la frapper à son retour, Laure prend son courage à deux mains. Elle quitte le domicile conjugal avec ses trois enfants. Ne sachant où aller, elle se cache dans un parc à proximité de l’appartement.
Désespérée et n’ayant aucun proche à contacter, Laure appelle notre association. Nous réagissons immédiatement à cet appel au secours en diffusant un message sur les réseaux sociaux pour trouver un hébergement d’urgence.
Les structures d’accueil à Grenoble sont débordées
Grâce à la générosité d’une dame, un studio est mis à la disposition de Laure et ses enfants pour une semaine. C’est un bon début, mais il faut assurer la suite. Nous lançons une collecte en ligne pour Laure.
Nous contactons immédiatement le 115 qui est surchargé. Ils nous proposent de rappeler dans 3 semaines ! Nous nous tournons alors vers les associations d’accueil pour femmes à Grenoble, mais après une attente de plusieurs heures, aucune aide n’est proposée à Laure et ses enfants. Les associations sont débordées et de toute façon on est à la veille des vacances d’été. On nous conseille de porter plainte et de revenir en septembre… Comme si cette situation pouvait être mise en attente un mois !
Le dépôt de plainte : une étape douloureuse mais nécessaire
Le troisième jour, nous accompagnons Laure à la gendarmerie pendant que nos bénévoles gardent ses enfants. Après 3 heures d’audition ponctuées de moments plus que délicats, la plainte est déposée. Des photos sont prises par le médecin légiste qui attestent des coups reçus par Laure.
À l’issue du dépôt de plainte, nous nous rendons auprès de l’association Uni (e-s) verselles dont les bénévoles sont très à l’écoute. L’association n’est hélas pas en mesure de proposer à Laure et ses enfants une aide adaptée à l’heure actuelle.
Le dépôt de plainte ouvre certains droits comme celui d’effectuer une demande d’allocation à la CAF. Il faut d’abord obtenir un RIB afin que les prestations familiales lui soient versées directement. Sans cette plainte, Laure n’aurait bénéficié d’aucune aide.
Comme si de rien n’était, le mari de Laure l’appelle chaque jour. D’abord pour demander les clés de la voiture puis pour la menacer. Si elle ne rentre pas à la maison, il la menace de déposer plainte pour disparition et enlèvement d’enfant. Il rappelle encore une dernière fois le quatrième jour pour intimer Laure de rentrer chez elle. Mais rien n’y fait, Laure est bien décidée à aller de l’avant.
Récupérer ses affaires en prenant des risques
Laure doit récupérer ses papiers d’identité et ses affaires dans l’appartement qu’elle a quitté. Le problème est que son mari est souvent là, car il est en vacances. Bien-être pour elles demande à la gendarmerie d’accompagner Laure à l’appartement afin qu’elle puisse récupérer quelques affaires en toute sécurité. Hélas ! Les gendarmes s’y refusent.
Cette situation nous oblige à organiser une véritable opération commando afin que Laure récupère ses affaires en l’absence de son mari. Laure comme nos bénévoles court un risque important. Personne ne sait comment cet homme risque de réagir s’il revient à l’improviste. Finalement Laure parvient à récupérer un minimum d’affaires dans l’appartement.
La collecte en ligne a permis de réunir une somme suffisante pour payer un mois de loyer à Laure et ses enfants. Mais Laure n’est pas sortie d’affaire. A la fin du mois d’août, elle devra trouver un autre logement. Une assistante sociale a désormais pris en charge son dossier.
Tout est fait pour décourager les victimes
L’histoire de Laure illustre à quel point il est difficile pour une femme de sortir des mains de son bourreau. À la difficulté de fuir le domicile conjugal s’ajoute celle de faire face à l’administration et aux structures d’accueil. À maintes reprises, les femmes battues finissent par regagner le domicile conjugal ne sachant où aller ou à qui s’adresser. Ce retour est souvent synonyme de nouvelles violences si ce n’est de mort.
La prise en charge des femmes à la rue ou en grande précarité est insuffisante compte tenu de la demande croissante et du nombre d’hébergements d’urgence disponibles.
Pour parer ce problème, Bien-être pour elles a lancé le projet de la Maison du Bonheur. Son objectif est de proposer un accueil d’urgence de nuit exclusivement réservé aux femmes.
N’hésitez pas à soutenir notre projet pour rejoindre la grande chaîne de solidarité.
Merci !
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